Histoire de Denise
En arrêt longue durée depuis deux ans, Denise a repris son travail en septembre de l’année dernière. Elle est infirmière depuis plus de 30 ans dans cette association du secteur sanitaire et social.
Son arrêt, affirme-t-elle, est en lien avec son travail, trop de stress, un burn-out qui a perduré… Elle a reçu un avertissement en 2019 pour erreur médicale. Cet avertissement elle l’a vécu comme une sanction et a créé des blessures.
Elle fait partie d’une équipe de deux personnes, travaille en pluridisciplinarité et dépend de divers services, du médecin, éducateurs, etc… Elle a peur, peur de perdre son emploi alors qu’elle est à 2 ans de la retraite. Son souhait c’est d’aller jusqu’au bout et de travailler dans la sérénité. Sa collègue a été recrutée pour la remplacer pendant son absence. Elle a par la suite été confirmée dans ce poste. Elle assure donc tous les suivis des bénéficiaires.
Peu de temps après sa reprise de poste, Denise commet une erreur dans le dosage des médicaments à destination d’un sujet qu’elle connait depuis longtemps et dont elle connait le dossier. Elle obtient des reproches de son manager et des remontrances qu’elle ne supporte pas.
Cette fois-ci, elle décide d’interpeller les élus. Elle reconnait l’erreur, et insiste sur la fait qu’elle manque d’informations, qu’en l’absence de communication et de suivi dans certains dossiers, elle ne pouvait deviner que le médecin a changé le dosage des médicaments. La réorganisation et son ressenti de mise à l’écart grandit.
Elle explique son mal-être, sa peur, sa perte de confiance en elle même mais également alerte sur une mise à l’écart ressentie… Ensuite ce qui devait arriver arriva : la voilà à nouveau en arrêt de deux mois.
Remplacement de son poste à nouveau, et à son retour, Denise se sent délaissée. Son chef a été remplacé, sa remplaçante est toujours là qui continue de dispenser les traitements aux bénéficiaires qu’on lui a retirés.
Cependant, elle ressent de l’injustice, a de nouveau peur et vit dans une anxiété inouïe, à tel point qu’elle a pris la décision de tout noter, le moindre des détails concernant ses gestes et mouvements.
« J’ai mis une alarme pour ne rien oublier et pour chaque tâche. »
Tel un robot, elle vit au rythme de la sonnette d’alarme de son téléphone. Une situation délétère, tendue avec sa collègue, la peur au ventre, elle est réellement en souffrance. Les élus ne savent que faire de la situation. Ils l’ont envoyée vers un cabinet d’avocat pensant l’aider. Elle ressasse à longueur de journée sa peur de perdre son emploi.
Les élus ont été formés, FP Conseil a assuré le suivi de l’enquête et analyse de la situation de travail de Denise. Une séance de coaching a suffi pour ces élus, à les aider à construire l’ordre du jour de la réunion, les arguments en faveur de l’amélioration continue des conditions de travail. Les choses semblent rentrer dans l’ordre.
reconstruire le dialogue et réparer les relations, comprendre au mieux sa posture d’élu, son rôle, ses missions, représentent un vrai challenge et un enjeu social permettant aujourd’hui de sortir des situations de crises.
Les pistes d’amélioration obtenues sont :
_Le directeur va contacter l’AIST pour demander une étude de poste afin d’obtenir des fiches de missions adaptées pour chacune des infirmières.
_Le directeur va voir avec le chef de service pour mettre en place des réunions d’équipe officielles et régulières.
_Si les problèmes de communications perdurent, la mise en place d’une médiation extérieure pourra être discutée et réfléchie.
L’alerte pour risque RPS et l’expertise a été écartée par la bonne volonté de l’équipe des élus en place qui ont déployé largement les outils pour enquêter et évaluer afin d’être crédibles et de négocier les pistes de solutions. Chose faite, bravo !
Mais alors à quoi sert l’alerte et ou l’expertise et comment les mobiliser en bonne et due forme ?
Ces points feront l’objet de notre prochaine publication.