You are currently viewing Reconstruisons un CSE au besoin de son entreprise

Reconstruisons un CSE au besoin de son entreprise

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Brèves

Septembre 2017 avec les ordonnances MACRON on voit apparaitre dans le visage en France cette nouvelle instance qu’est le CSE.

Un comité représentant le personnel qui fusionne les CE, les CHSCT et les DP dans les entreprises de + de 50 salariés.

La création de ce CSE nouveau à partir de 11 salariés s’inscrit ainsi dans une transformation certes légale mais surtout organisationnelle qui invite les humains qui le compose à s’inscrire dans une évolution : tant dans leur rôle d’élus que dans les relations sociales. Un fonctionnement nouveau qui a occasionné un ajustement de la posture de l’élu, vers un dialogue social et des relations humaines à reconstruire.

Des salariés en mal-être

Depuis 2020, sur le plan professionnel, les impacts de la crise sanitaire a eu pour mérite de mettre « l’homme au travail » au cœur des débats et des négociations au sein de ces instances.

Ainsi, exposés au mal être des salariés, aux peurs de perdre leur emploi, à un télétravail et une distanciation sociale imposés par le contexte, à une baisse de production… Au constat d’absence de dialogue et de soutien social, certains élus se trouvent, eux-mêmes, exposés à un stress chronique. Ils se sentent démuni de moyens et ressources pour accompagner les salariés « en souffrance ».

Certains sont ébranlés dans leurs certitudes, sur leur avenir professionnel. Mais aussi sur l’avenir de leur entreprise notamment quand leur entreprise essuie une crise économique.  

La formation CSSCT du CSE a atteint ses limites dans ce contexte

Une formation réglementaire de 3 ou 5 jours permet peu la respiration dont ils ont besoin ni de travailler sur la cohésion d’équipe.   

À l’unanimité, les élus rencontrés lors des formations dispensées expriment avoir besoin d’un cadre bienveillant. Ouvrant alors un espace de discussion leur permettant de partager les difficultés qu’ils traversent face à ces changements organisationnels.

Temps et espace non maitrisés, des consultations ponctuelles, des délais courts pour rendre un avis motivé. Mais aussi des réunions à distance, une BDES souvent non actuelle, un agenda social bousculé voire non maîtrisé… Ces situations ont créé des relations délétères, ont parfois même généré des conflits. Notamment quand ils se voient dans l’obligation de négocier dans l’urgence, des accords d’entreprise pour faire face à la crise économique et sociale.

Un élu c’est qui exactement ? Quel rôle doit-il jouer dans l’organisation du travail ?

Au 21ème siècle, dans ce contexte socio économique et des changements, le rôle de l’élu au CSE se transforme en une relation d’aide et d’accompagnement des salariés.

C’est ainsi que le juridique atteint ses limites.

Prendre soin des salariés de même que maîtriser les aspects santé et prévention. Analyser avec discernement et accompagner à l’amélioration de la qualité de vie au travail, ces rôles deviennent déterminants pour continuer à assurer le lien et le soutien dont les salariés ont besoin.

Comment et par quel moyen peut-on arriver à cultiver des relations sociales équilibrées et un dialogue de qualité quand certains élus sont submergés d’émotions négatives ?

Avec ou sans orientation syndicale, le comité doit s’organiser au mieux, identifier des objectifs clairs, concertés et partagés.

Je suis convaincue, le comité CSE a plus que besoin de coopération entre membres et de cohésion d’équipe. Il a ainsi besoin de développer une écoute active des salariés. Mais aussi face à l’employeur, de savoir communiquer en toute intelligence.

Des élus de plus en plus en souffrance 

Avant même la crise sanitaire, j’ai identifié que certains élus sont en souffrance. Aujourd’hui, encore plus que jamais, je suis convaincue que le rôle qu’ils doivent jouer dans l’organisation est primordial. Leur rôle contribue à la bonne marche d’une entreprise et son image de marque.

Pourtant, un ressenti de perte de sens, d’absence de reconnaissance, de défiance les submergent. Les émotions de colère, de peur et d’injustice s’expriment par une violence verbale inconsciente au travers d’une posture agressive brandissant le recours à des expertises non maitrisées et créant même des relations de défiance entre élus.

En conséquence, l’après crise est venue réinterroger le sens de leurs missions, les intérêts et enjeux santé et conditions de travail.

C’est de soutien dont ils ont besoin aujourd’hui, de clarté, d’écoute, de reconnaissance, de respect, de transparence. Or, toutes les organisations ont créé des espaces pour tous Quid des espaces d’écoute pour élus ?

Quel regard pose encore aujourd’hui les organisations face à ces humains qui, non accompagnés, s’inscrivent, par leur souffrance, dans une lutte sociale non maitrisée, parfois non souhaitée ?

L’ère de la lutte sociale est-elle révolue ?

Je suis convaincue que la résilience et la raison d’être des hommes et des femmes qui composent le CSE contribueront à maintenir le bateau à flot.

Il n’a jamais été plus important qu’aujourd’hui de se reconnecter au sens de leur rôle. C’est-à-dire, de ce à quoi ils contribuent, de ce qu’ils font. Ils ont tous un potentiel optimiste qui sommeille en eux. Il ne tient qu’à eux de le développer et à l’entreprise d’accueillir ce changement et de croire en eux.

Retour à l’essentiel, à des valeurs humaines universelles. Avec un besoin de cultiver le respect, d’identifier au plus juste les responsabilités et d’en assumer certaines. De réintroduire la bienveillance, la solidarité, l’entraide au sein des organisations.

Accompagner aujourd’hui le changement vers une posture juste respectueuse des hommes et des femmes qui composent le comité. C’est le nouveau défi sociétal qui les attend si l’on veut conserver cette représentativité en entreprise. Mais aussi de la crédibilité dans le rôle qu’ils jouent.

La lutte sociale peut donc se transformer par la création d’une relation juste et un rapport de force équilibré.

« Faut-il lutter contre la violence ? Nous sommes convaincus que la tentation de vouloir l’éradiquer, la détruire ou la fuir, comporte le risque d’une autre barbarie qui nous priverait de notre liberté et nous éloignerait de la fraternité ».

La violence est humaine. C’est une réaction à un ensemble de souffrances, de frustrations et de colères. Elle représente un trésor d’énergie et de vitalité. Elle doit pouvoir se transformer. » C RojzmanTransformer la violence.